[Les femmes savent rapper #5]: Illustre, la poète

Aujour­d’hui, l’heure est à la jeune rappeuse Illus­tre. Issue de la scène cler­mon­toise, elle nous emmène dans son univers poé­tique aux notes engagées, et est loin d’avoir dit son dernier mot.

Solitude

Comme la plu­part des artistes, Illus­tre ‑de son vrai nom Claire Toribio- puise dans ses sen­ti­ments les plus intimes pour écrire. Dans « Mutisme » par exem­ple, la rappeuse explique sa dif­fi­culté à faire face aux prob­lèmes qu’elle ren­con­tre au sein de son couple :

« Je sais que je n’ai jamais su par­ler, mais je ne voulais pas dire des choses que j’au­rais pu regretter »

Bien qu’elle n’en­tre pas dans les détails, le morceau est empreint d’une cer­taine nos­tal­gie puisque l’on com­prend que l’his­toire d’amour en ques­tion est terminée.

« Mal­heureuse­ment, tu ne m’aimes plus qu’au passé »

Elle décrit la tristesse qu’elle ressent face à cette sépa­ra­tion tout en expli­quant la dif­fi­culté de pass­er à autre chose.

« J’ai tout per­du, je pen­sais que notre his­toire était suspendue »

Dans « Eclipse », la soli­tude ressen­tie par l’artiste est d’au­tant plus pal­pa­ble, et con­traste avec l’é­clat de la voix de la chanteuse japon­aise Emiko Ota. Illus­tre fuit « à ne plus com­pren­dre les choses » et « reste figée dans les con­tes de [sa] prose », comme si l’écri­t­ure était à la fois une prison mais aus­si et surtout une issue.

« Je me suis trou­vée dans la perte, j’ai pu gag­n­er dans l’effort »

Poésie

Si quelqu’un vous dit un jour que le rap n’a rien à voir avec la poésie, faites lui écouter « A la recherche des mots per­dus ». Dans ce morceau, Illus­tre déclame tout ce qu’elle a sur le cœur et on se prend une véri­ta­ble gifle. À mesure qu’elle par­le de la perte de la fille qu’elle aime, la voix de la jeune femme trem­ble et à cer­tains moments du morceau, on pour­rait presque croire qu’elle pleure.

« Je me sens main­tenant étouf­fée par les fra­cas de tes soupirs » 

Mais ce titre n’est pas qu’une ode lyrique. Illus­tre mon­tre toute l’am­pleur de son tal­ent en util­isant des mots aigu­isés, des oxy­mores et des métaphores désenchantées :

« Je ne peux plus lire dans tes yeux l’er­rance de nos cer­ti­tudes, étof­fées d’un voile amoureux »

Engagement et partage

Illus­tre ne brille pas que par sa plume, mais aus­si par sa présence. En juin dernier, elle donne un con­cert dans le cen­tre péni­ten­ti­aire de Riom (Puy-de-Dôme). Dans un arti­cle du jour­nal La Mon­tagne, elle par­le ain­si de cette expéri­ence : « La force de l’énergie, c’est qu’elle se trans­met. Les vis­ages fer­més du début se sont ouverts. J’ai ressen­ti un vrai partage ».

Le partage d’Illus­tre se fait aus­si à tra­vers le prisme de ses émo­tions, par­fois très intimes. C’est le cas dans le morceau « Eclipse », par exem­ple, où elle fait part de son malaise social :

« Des rires dont la gêne, ne font qu’am­pli­fi­er mes faux pas »

« Je m’a­muse à boire de trop pour oubli­er que je ne vaux rien » ( À la recherche des mots perdus)

 Du sen­si­ble sous la carapace…

 

 

 

 

Auteur: Cécile Vienney

Rédactrice pour In Da Klub. Cécile, 20 ans, fan de rap depuis toute petite et particulièrement de rap français. Être rédactrice pour In Da Klub me permet de faire partager ce genre musical, qui est l'une de mes passions mais aussi de découvrir de nouveaux artistes et d'essayer de déconstruire ce mythe du rap comme musique attisant la haine.

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