Spotlight, c’est un coup de projecteur sur un artiste qui mérite qu’on s’intéresse un peu plus à son travail. Aujourd’hui, on va parler d’Adæb, dont la première mixtape #UW S01 est sortie le 1er mai.
Adæb est né à Casablanca. Une ville qui s’établit de plus en plus comme un véritable centre névralgique du rap au Maghreb. Si aujourd’hui, il vit à Paris, il ne manque pas une occasion de placer une référence léchée à ses origines :
« Déter comme un Africain »
« Les plus grandes cailleras de Casa ont toutes joué à Dofus »
Une richesse culturelle qui se retrouve dans l’ensemble de son premier projet, #UW S01, sorti le 1er mai. A une époque où le rap est régulièrement accusé d’uniformisation, Adæb apporte un univers musical original et travaillé. Les instrus sont complexes et les mélodies rappellent parfois des musiques orientales traditionnelles. Sur celles-ci, Adæb pose avec force et énergie, jouant d’effets vocaux en pagaille.
Les paroles, elles, s’inscrivent complètement au cœur d’une époque et d’une génération marquées par Internet. Les références à la pop culture sont légion. De nombreux samples d’horizons différents viennent émailler les morceaux : un discours de François Hollande, une interview de Booba, un épisode de South Park ou encore le fameux « Péter leurs chevilles » du Roi Heenok. Un univers que le jeune rappeur ne se contente pas de décrire; il veut en faire partie : « Dans le paysage de la pop culture, Adæb plante sa graine », lance-t-il dans « Wolfgang », morceau introductif de l’album qui fut aussi le premier clip posté sur YouTube, le 1er janvier dernier.
On ressent aussi un intérêt certain pour les réseaux sociaux. Il n’est pas fréquent de voir un rappeur placer une référence à TheKairi, Cemcem, Yu-Gi-Ho ou sortir des phases qui pourraient presque être issues de Twitter.
« Tous les problèmes viennent du rap, des jeux, des films de uc. C’est ce que j’aurais dit, si j’étais un fils de p*** »
Adæb croit en lui. Une confiance qui tend parfois à l’égotrip, mais qu’il parvient à gérer grâce à des punchlines réfléchies, maniant encore une fois les références mais aussi l’humour, en particulier dans le banger « Sah to Sah » :
« Personne n’est de taille, me compare pas à ces hatai »,
« C’est pas mon année, c’est ma décennie »,
« Booba c’est Maradona, Adæb c’est Messi ».
Une ambition de succès que le Casablancais affiche clairement :
« J’veux le public de Bigflo et Oldpee ».
En plus de l’aspect musical, la mixtape s’organise autour d’une patte visuelle travaillée. Sept titres sur les douze du projet sont clippés. Difficile de décrire l’esprit de la direction artistique, le plus simple est de la découvrir sur YouTube. Mais on ressent une volonté de construire, encore une fois, un univers propre. La couleur violette revient dans les clips et sur la cover, et les effets visuels font écho aux effets vocaux. Le résultat est remarquable pour un artiste émergeant.
Adæb a d’ores et déjà annoncé qu’une deuxième mixtape était en route. « J’ai un an pour tout baiser, deux options perdre ou percer », avoue le rappeur dans « 20yo », dernier titre de l’album, qui s’inscrit comme une ouverture musicale, dans un style plus mélancolique. Une preuve de plus du potentiel indéniable d’Adæb, à qui l’on souhaite de se faire la place qu’il mérite dans le paysage du rap français.