Circles, la douceur posthume de Mac Miller

Le ven­dre­di 17 jan­vi­er dernier, la famille de Mac Miller nous dévoilait son unique album posthume : Cir­cles. Un ultime pro­jet touchant, abouti et rem­pli de sincérité. 

Rap­pelez-vous. Le 7 sep­tem­bre 2018, Mal­colm James McCormick de son vrai nom, nous quitte pré­maturé­ment à 26 ans à cause d’une over­dose acci­den­telle. L’au­top­sie révélera une con­som­ma­tion simul­tanée de fen­tanyl, de cocaïne et d’al­cool. Le deal­er soupçon­né d’avoir ven­du le fen­tanyl sera d’ailleurs arrêté quelque temps plus tard par les autorités. Avant cet acci­dent trag­ique, Mac Miller nous a donc lais­sé une dernière sur­prise, mal­gré lui. Cir­cles a été enreg­istré qua­si­ment en même temps que son cinquième album Swim­ming

« Un mul­ti-instru­men­tiste qui s’est mis à jouer parfa

ite­ment du syn­thé, du piano, de la bat­terie et de la basse devant moi »

Tels sont les mots de Jon Brion, pro­duc­teur avec lequel Mac Miller a décidé de col­la­bor­er pour ses deux derniers albums. Il était d’ailleurs ques­tion que Cir­cles vienne com­pléter Swim­ming et y rap­porter une réponse directe, afin de for­mer un pro­jet com­mun : Swim­ming in Cir­cles.

 

 

« Nag­er en cer­cle », titre lourd de sens lorsque l’on sait que les thèmes prin­ci­paux abor­dés sont ses prob­lèmes de dépres­sion et de con­som­ma­tion, ain­si que sa rup­ture avec la chanteuse pop Ari­ana Grande. Son pro­duc­teur expli­quera égale­ment qu’il avait devant lui « un artiste découragé et trop vul­nérable pour le milieu du hip-hop » et par­fois frus­tré par son éti­quette de rappeur, qui selon lui, lim­i­tait sa lib­erté artistique.

Le lead sin­gle inti­t­ulé « Good news » a été le pre­mier aperçu du pro­jet, sor­ti le 9 jan­vi­er. Ce dernier était accom­pa­g­né d’un clip vidéo, dirigé par Antho­ny Gad­dis et Eric Til­ford. Ce sont des images d’archives de Miller au stu­dio qui débu­tent et ter­mi­nent le clip, his­toire d’être nos­tal­gique et ému dès le début. Le reste de celui-ci met en scène l’artiste dans un monde abstrait, rem­plis de paysages ani­més col­orés, s’ap­parentant par­fois à un jeu vidéo. 

« Can I get a break?
I wish that I could just, get out my god­damn way
What is there to say?
There ain’t a bet­ter time than today »

On retrou­ve la mélan­col­ie et la nos­tal­gie de l’artiste et ce « besoin de répit » et cette envie de « quit­ter sa satanée rou­tine » son­nent un peu comme un adieu. L’am­biance et les mes­sages véhiculés dans cette chan­son sont vrai­ment représen­tat­ifs de l’al­bum et lui don­nent une très bonne approche générale.

Des paroles sincères, une mélancolie touchante

Com­posé de douze morceaux, Mac Miller nous offre env­i­ron 50 min­utes d’é­coute. 50 min­utes qui nous rap­pelle l’é­ten­due de son tal­ent. A com­mencer part le fait qu’il est capa­ble de mélanger rap et chant, sur des instru­men­taux pour le coup assez calmes et doux. On ne sait plus vrai­ment s’il s’ag­it de rap, de soul ou de pop. Musi­cale­ment par­lant, l’al­bum met en avant les qual­ités de chanteur et d’in­ter­prète de l’artiste. La majorité du disque reste mélan­col­ique même si on a l’im­pres­sion que les lyrics sont plus posi­tifs que sur son précé­dent pro­jet. Aurait-il trou­vé la lumière au bout du tunnel ?

Un journal intime ouvert à tous

 

Si on s’in­téresse à l’al­bum d’un peu plus près, on remar­que que l’on com­mence l’é­coute avec le titre éponyme de l’al­bum, « Cir­cles ». Dans celui-ci, le rappeur de Pitts­burgh nous avoue qu’il ne pour­ra jamais chang­er, que tout tourne en rond. Mac Miller fait le point sur lui-même et en tire des con­clu­sions, et dès les pre­mières notes? nous somme spec­ta­teurs de cette prise de conscience.

« Who am I to blame? Who am I to blame though?
And I can­not be changed, I can­not be changed, no
Trust me, I’ve tried
I just end up right at the start of the line
Draw­in » circles »

Un extrait de « Circles »

« Com­pli­cat­ed » et « Blue World » s’en­chaî­nent ensuite. Deux morceaux un peu plus gais et dansants, notam­ment grâce à la ryth­mique et aux sonorités un peu plus élec­tro. On peut même avoir l’im­pres­sion que les mélodies sont inspirées des années 80, avec le coté funk qui est présent. Il en va de même pour d’autres morceaux comme « I can see » ou « Woods », même si les lyrics traduisent un mal-être et une dépres­sion per­ma­nente, empêchant le rappeur de lâch­er prise et donc d’être heureux. L’in­tro­spec­tion est omniprésente, nous sommes en train de lire un jour­nal intime dans lequel l’artiste se livre seul et nous par­le de ses démons intérieurs. 

« Every­body » est selon moi le morceau où Mac Miller se met le plus à nu vocale­ment par­lant. L’in­stru­men­tale qui l’ac­com­pa­gne porte sa voix qui sem­ble si frag­ile, sans pour autant la déval­oris­er ou la détéri­or­er. La ryth­mique, qui est organ­isée autour de la bat­terie, donne un petit coté rock des années 70.

Enfin, il est impos­si­ble de ne pas par­ler de « Hand Me Downs », la seule chan­son d’amour vrai­ment affir­mée de l’al­bum, car­ac­térisée par une cadence très lente, qui donne une ambiance assez chaude à la musique. Cette dernière se con­clut avec des sonorités très aiguës dans la mélodie, ren­dant la fragilité du morceau mag­nifique­ment touchante. C’est d’ailleurs un des seul titre clip­pé (avec « Good News » bien sûr).

 

Ce six­ième album est clô­turé par « Once a day », morceau dans lequel Miller fait référence à ses addic­tions à la drogue, drogue qu’il prend car il ne com­prend pas notre monde et ne s’y sent pas à sa place. C’est ain­si que Mac Miller nous offre ici un dernier adieu, rem­pli de sincérité et de douceur, pour le plus grand plaisir de nos tympans.

Rest In Peace.

 

 

 

 

Auteur: Lisa Vizor

Rédactrice pour In Da Klub. Je bouge la tête de haut en bas depuis l’époque du MP3, j’ai grandi avec tonton Guizmo, l’entourage et toute la clique. J’ai dû attendre le niveau A2 en anglais pour m’intéresser au rap US lol. Tupac, Snoop ou encore 50 Cent font partis de mes réf, même si la nouvelle génération a su me procurer quelques orgasmes auditifs. - Rest in peace Peep

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