[Les femmes savent rapper #3] — Sianna, une kickeuse hors pair

Aujour­d’hui, lumière sur une rappeuse dont vous avez peut-être déjà enten­du par­ler. Sian­na, rappeuse française d’o­rig­ine mali­enne prend la plume pour nous racon­ter ce qu’elle ressent à tra­vers des textes aux punch­lines tou­jours plus recher­chées et aux sonorités venues d’ailleurs.

 

Freestyles

Cela ne vous échap­pera pas, Sian­na a un flow plutôt rapi­de. Et quoi de mieux pour illus­tr­er cela que des freestyles ? Cela tombe bien, elle en a fait pas mal dont six «Tours du Monde en Freestyle», comme elle les nomme sur sa chaîne YouTube. La rappeuse, qui avait 21 ans à l’époque, est par­tie en Alle­magne, en Espagne, au Maroc, en Chine en Inde et même en Russie. Dans cette série de freestyles, la rappeuse kick en s’in­spi­rant des pays dans lesquels elle se trou­ve. Elle puise dans les décors, les paysages mais aus­si la musique locale. Par exem­ple, dans « Sian­nal­i­cante », tourné en Espagne, les mélodies de l’in­stru­men­tale sont à con­so­nances ibériques.

« Dans le game je suis arrivée par hasard, je repar­ti­rais sur un coup de tête comme Zine­dine Zidane »

Elle n’est pas juste venue pour pos­er son texte. Sian­na est totale­ment imprégnée, le temps d’un freestyle, dans la cul­ture locale. Une men­tion spé­ciale pour le freestyle « Sian­nara­bi­ca » dans lequel la jeune femme prononce quelques mots en arabe et a même invité Niro, qui ne rappe pas mais dont la présence con­forte Sian­na dans son rôle de rappeuse. Dans son freestyle « Sur la tête de Marine le Pen »,  elle parvient même dans un de ses cou­plets à enchaîn­er 48 mots en six sec­on­des à peine !

Punchlines et jeux de mots 

 « Avec des gross­es punch­lines je peux tous les faire fantasmer »

Nous l’avons dit, Sian­na est une kickeuse. C’est ce qu’elle annonce dans son freestyle en Inde « Djin­gal­ing ». En effet, la rappeuse ne pèse pas ses mots :

« Je mets des rateaux à la con­cu, je ramasse tous ces MC à la pelle »

Il est égale­ment intéres­sant de not­er la manière dont Sian­na manie les mots, joue avec les verbes, choisit chaque terme en fonc­tion du précé­dent comme dans son freestyle «Sur la tête de Marine le Pen» ou dans son morceau « Havre de Paix » dans lesquels elle dit:

« En ce moment je vois que la France se voile la face mais ne veut pas que mes sœurs por­tent le foulard »

« La vie nous mène en bateau, dans le mal je navigue »

Même si elle rappe vite, chaque mot est com­préhen­si­ble et per­met une totale immer­sion dans son univers.

Diamant noir

C’est le nom de son pre­mier album, qu’elle voulait entre kick et témoignage de sa vie per­son­nelle. Bien qu’elle ait déjà sor­ti un E.P en 2015, c’est avec cet album que Sian­na con­nait la con­sécra­tion. Dans Dia­mant Noir appa­rais­sent des feats avec de grands rappeurs français tels que Sopra­no, S.Pri Noir, The Shin Sekai ou encore Lefa. Des col­lab­o­ra­tions éton­nantes mais qui s’in­scrivent par­faite­ment dans la dynamique de l’al­bum. À tra­vers les morceaux, elle rappe sa volon­té de réus­sir et sa déter­mi­na­tion sans faille notam­ment dans des morceaux comme « J’ou­blie pas » ou encore « Ne t’en fais pas ».

« Je m’en fous de vos soirées peo­ples, je veux juste faire ma musique, sor­tir un max de sin­gles, jamais taffer à l’usine »

Dans le morceau « Char­bon­ner » avec S.Pri Noir, rappeur dans lequel elle dit beau­coup se retrou­ver, Sian­na mon­tre ce qu’elle a dans le ven­tre et la col­lab­o­ra­tion avec le rappeur parisien est juste par­faite : alors qu’elle lâche son flow acéré habituel, S.Pri Noir se con­tente des refrains dans lequel il chante plus qu’il ne rappe. Le morceau com­mence sur les cha­peaux de roues avant de ralen­tir puis accélér­er jusqu’à la fin où les deux artistes mêlent leurs voix, pour notre plus grand plaisir.