Si ce vendredi 23 octobre était agité en terme de sorties, une d’entre elles a su plus marquer notre attention. Avec un neuvième projet synonyme d’une presque dixième année de carrière, Guizmo a signé un retour réussi avec l’album Lamine.
Seul, vêtu d’un blanc étincelant au milieu d’une pièce en ruines : dès la cover, on comprend où l’on met les pieds, et ce qui va nous être dépeint tout au long des 18 titres proposés. Un homme qui fait le contraste avec son environnement, pour finalement l’épouser quand même, c’est un peu le ressenti qu’on a en regardant le visuel, comme en écoutant l’album.
Lamine, c’est 18 morceaux introspectifs qui nous plongent dans la tête et vie de Guizmo, comme à son habitude. Les textes y sont crus, gorgés d’émotions, et les thématiques propres à sa vie. Assez également réparties, on retrouve toute une palette d’ambiances, allant des nombreuses sonorités boom-bap, aux morceaux plus mélodieux comme « Hendrix » ou « Lamine », en passant par l’oppression comme dans « La matrice ». Si le fond reste commun tout au long de l’album, la forme, elle, varie au fil des titres, restant quand même en majorité dans sa mélancolie habituelle.
Au niveau de l’approche, on peut placer Lamine entre ses deux derniers albums : Amicalement vôtre et Renard. En effet, si certains morceaux peuvent se montrer fédérateurs, en quête de rédemption, comme « Cœur noirci » ou « Si tu m’entends », qui auraient pu avoir leur place dans Amicalement vôtre, d’autres morceaux se situent plus dans le côté kickeur plein de rage, plus présent dans Renard (« Mélomane », « GPG 6 »).
Cet album est donc dans la continuité de ce qui a été fait ces dernières années côté Guizmo, tout en cherchant à se diversifier avec des “prises de risques” comme « Lamine », « Elle », « Dolla Bills » ou « Lycamobile ».
La mélancolie, comme dit précédemment, reste néanmoins au cœur des débats, mais elle est abordée de manière différente, musicalement, comme dans l’interprétation. Des morceaux comme « Je n’ai pas changé » ou « Mélomane » aux mélodies tristes, vont être bien plus chargés en émotions grâce à l’interprétation qu’un « Menace 2 Society » ou « Cœur noirci », qui restent tout aussi nostalgiques, mais peut-être plus légers.
La tracklist est donc assez équilibrée, avec beaucoup de matière et de la diversité, mais deux renforts de poids vont donner de la fraîcheur à l’album. « Enfumé », en compagnie de Soso Maness, apporte une touche assez sombre malgré un refrain entêtant. « Hall Black », featuring Leto, apporte la touche actuelle qui était peut-être celle qui manquait dans les précédents projets de Guizmo.
On y sent une véritable alchimie, que ce soit dans le morceau, comme dans les visuels (Leto était déjà présent dans le clip de « GPG 6 », en plus de celui de « Hall Black »). Le couplet de Leto est un sans-faute, tandis que sa partie du refrain apporte du contraste avec celle de Guizmo, donnant sûrement la meilleure collaboration de l’artiste estampillé Y&W depuis un bon moment, et peut être le plus gros succès de l’album.
Après presque 10 ans de carrière, Lamine pourrait peut-être devenir le premier succès commercial marqué de Guizmo, avec, pourquoi pas, un disque d’or à la clé. Beaucoup de titres ont eu le droit à leur clip (« History X », « Si tu m’entends », » Lamine », « Enfumé », « J’fais du rap », « Lycamobile », « Hall Black »), et les featurings avec Leto et Soso Maness pourraient y contribuer aussi. Malgré une promotion très discrète, qui se fera peut-être après coup, dû au contexte sanitaire actuel, l’album trouve son public, et ajoute une pierre à l’édifice qu’est la discographie de Guizmo.
Si vous aimez le rap “à l’ancienne”, si vous aimez le rap plein de mélancolie, de tristesse, comme de colère ou de réflexion, Lamine est sûrement fait pour vous. Rarement cité comme un des meilleurs, Guizmo prouve qu’il est toujours là, avec sa singularité et son talent, qui font de lui un des rappeurs les plus chauds depuis 2011.