Lorsqu’on parle de la scène musicale allemande, il est quasi-impossible de ne pas mentionner Kraftklub. Retour sur un succès arrivé très vite, et qui dure.
Car Kraftklub ne fait pas partie des étoiles montantes du hip-hop allemand, il fait partie des groupes phares outre-Rhin, et ce depuis presque dix ans. Et bien qu’en général, le public français ne connaisse pas le moindre morceau des plus grands artistes allemands, vous avez peut-être déjà entendu un de leurs premiers morceaux. Si vous avez joué à FIFA 13, en tout cas.
Une belle prouesse pour le groupe originaire de Chemnitz (ex-RDA), qui est le seul artiste allemand représenté dans cet opus. Car en 2012, Kraftklub était déjà dans le haut du panier en Allemagne. Pour un groupe né en 2009 et dont le premier EP est sorti en 2010, c’est dire si l’ascension a été fulgurante.
C’est au festival Splash, à domicile, que tout commence. Le rappeur Bernd Bass et le groupe Neon Blocks décident de se produire ensemble sur scène, et la prestation est plutôt convaincante, puisque tout ce beau monde décide de se regrouper et de former Kraftklub. Cette fusion entre un groupe de rock et un rappeur peut sembler saugrenue, mais se conçoit totalement dès la première écoute.
Ce savant mélange entre rock, rap et pop fonctionne à merveille en Allemagne. Quelques mois après la création du groupe, en 2010, le premier EP Adonis Maximus sort, et ne passe pas inaperçu.
Immédiatement catégorisé comme un des groupes les plus prometteurs de la scène allemande (et pas uniquement la scène rap), Kraftklub signe chez Universal et rejoint la cour des grands. Le premier album, Mit K, (« Avec un K »), sort en 2012 et se classe directement en tête des ventes dans le pays. Tournée internationale et succès sont au rendez-vous, à tel point que le groupe est nominé dans la catégorie « meilleur artiste allemand » aux MTV Europe Music Awards en 2012. Soit deux ans après sa création.
Le deuxième album In Schwarz (« En noir ») sort en 2014, et reprend la même recette que celle utilisée deux ans auparavant. Mélodies joyeuses, rythmes entraînants, et paroles recherchées. En effet, à la première écoute, les musiques de Kraftklub semblent totalement innocentes, bon enfant et joyeuses, et on serait tenté d’écouter leurs albums comme s’il s’agissait de compilations de hits d’été, mais il n’en est rien.
Dans le plus gros succès du groupe, « Schüsse in die Luft », Felix Kummer (Bernd Bass) dénonce l’absence de réaction de la société allemande face à un monde mal en point, et se décrit en héros révolutionnaire que les gens ne comprennent pas, abrutis par les infos. Le tout avec une mélodie des plus estivales :
Le dernier album de Kraftklub, Keine Nacht für Niemand (« Pas de nuit, pour personne »), sort en 2017. L’identité reste inchangée, tout comme la pluralité des thèmes abordés: la solitude, la dépression, la dénonciation des conditions de travail dans le monde capitaliste, le tout avec une ironie bien allemande.
« Hundert Jahre Vertragslaufzeit
Ich will ein Teil dieser Firma sein
Nicht immer leicht, doch Strafe muss sein
Lass mich dein Sklave sein!“
(« Cent ans de contrat, je veux faire partie de cette entreprise. Pas toujours facile, mais je dois être puni, laissez-moi être votre esclave ! »)
Sans album depuis maintenant trois ans, les fans ont pu se rassasier çà et là avec des featurings, notamment avec Max Rabbe, un célèbre baryton allemand (dernier titre en date, qui remonte à janvier 2020).
Un titre très expérimental qui annonce peut-être un projet novateur de la part des membres du groupe, potentiel projet pour lequel les fans commencent à s’impatienter.
En tout cas, si après les dix premiers Deutsche Qualität, le rap allemand ne vous est toujours pas familier, Kraftklub est le groupe tout indiqué pour s’initier à cette langue.