Mirrorland : le grand voyage psychédélique d’EarthGang

Les ama­teurs les plus assidus de la scène rap d’At­lanta l’at­tendaient fer­me­ment. Le 6 sep­tem­bre dernier, après deux ans écoulés depuis sa sig­na­ture chez Dreamville Records, Earth­Gang a finale­ment sor­ti le tant atten­du Mir­ror­land, son pre­mier album sur le label de J Cole. Et der­rière ce pro­jet se cache un hom­mage pro­fond et psy­chédélique à Atlanta, ville natale du groupe, et plus par­ti­c­ulière­ment à sa com­mu­nauté afro-américaine.

Afficher l’image source
Cou­ver­ture de Mirrorland

Sou­vent com­parés à Out­Kast, autre duo légendaire de la ville, Olu (aka John­ny Venus) et WowGr8 (aka Doc­tur Dot), tou­jours fidèles à leur image de rappeurs décalés et extrav­a­gants, ont voulu emporter leur pub­lic dans un vrai voy­age à tra­vers les rues de ATL. Pour ce faire, rien de plus sim­ple pour eux que de créer un monde imag­i­naire, le fameux « Mir­ror­land ». Un Atlanta par­al­lèle et onirique, inspiré du magicine d’Oz, comme l’af­fir­mait Olu en présen­tant l’al­bum : « Atlanta est le pays d’Oz. Ce sont les Noirs qui n’ont pas peur et qui ne s’ex­cusent pas d’être créat­ifs ».

Une créa­tiv­ité qui ne cesse de sur­pren­dre musi­cale­ment, tant les influ­ences sont mul­ti­ples tout au long des 14 titres. Le funk-rap est mis à l’hon­neur dans Top Down et des vibes R’n’B sont lancées par la tal­entueuse Kehlani, en feat sur Trip­pin . On passe égale­ment par les rythmes lati­nos de Tequi­la et Bank, et un inat­ten­du mais pas si sur­prenant banger trap: Earth­Gang passe en revue les innom­brables influ­ences qui for­gent la vaste cul­ture afro-améri­caine de leur ville, et plus large­ment du Sud des Etats-Unis. Men­tion spé­ciale toute­fois à l’ex­cel­lent et très théâ­tral UP, véri­ta­ble immer­sion dans la folie qui habite John­ny Venus et Doc­tur Dot.

Afficher l’image source
Doc­tur Dot (à gauche) et John­ny Venus

Une atmo­sphère en con­stante évo­lu­tion et en per­pétuelle fusion, immé­di­ate­ment inden­ti­fi­able dans le morceau d’in­tro­duc­tion, LaLa Chal­lenge. Sur un instru­men­tal groove et insai­siss­able, les deux rappeurs plon­gent directe­ment ‑presque bru­tale­ment- l’au­di­teur dans ce voy­age au sein du Mir­ror­land. Au sujet de ce titre d’ou­ver­ture, le groupe dis­ait lui-même : « C’est vrai­ment col­oré. C’est vrai­ment dan­gereux. C’est vrai­ment trip­py. C’est lit­térale­ment Freaknik Atlanta [réu­nion étu­di­ante annuelle à Atlanta dans les années 80 et 90, ndlr] en été, les gens qui roulent dans des voitures avec de gross­es jantes et de la pein­ture sur leurs vis­ages ».

Dur de résumer un pro­jet si riche et col­oré, qui se présente comme une comédie musi­cale dans laque­lle défil­erait chaque per­son­nage croisé, chaque sit­u­a­tion ren­con­trée dans les rues de cet Atlanta magique. 

Si il est encore trop tôt pour savoir si cet album aura « un impact à la Pink Floyd », comme le sug­gérait le groupe lors d’une inter­view pour nos con­frères de Back­pack­erz, Mir­ror­land est sans aucun doute une nou­velle preuve de la capac­ité d’At­lanta à faire appa­raître des ovnis dans le monde du rap.

Auteur: Aymeric Dantreuille

Rédacteur et responsable du pôle Anglophone. Lillois d'adoption, adepte de la traduction approximative de punchlines et suiveur assidu (en scred) de la chaîne Colors. Je me consacre principalement au rap anglophone, de la Beast Coast new-yorkaise au Londres de Little Simz en passant par tout le reste. Mes playlists sont pleines d'artistes plus ou moins connus et prêts à être (ré)écoutés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

6 − 2 =

Droit d’auteur © In Da Klub Privacy Policy | Audioman par Catch Themes