Sortie du nouvel album FAME : Lefa trace sa route

Qua­tre albums en qua­tre ans, c’est la vie que Lefa, Karim Fall de son vrai nom, a décidé de men­er. Depuis son retour en 2015, l’an­cien de la Sex­ion d’as­saut ne cesse de creuser son sil­lon dans la terre con­voitée du rap français, et la sor­tie de son nou­v­el opus FAME ce 18 octo­bre en est symptomatique.

Image extraite de « Fame » (juin 2019)

Cela fait des mois que l’artiste varie les plaisirs pour nous teas­er son pro­jet: un EP sub­tile­ment titré Next album est dans mon phone par-ci, trois sin­gles clip­pés par-là… Un avant-goût que le pub­lic sem­ble avoir appré­cié puisque « Bitch », son feat avec Vald sor­ti en juil­let, a été cer­ti­fié sin­gle d’or avant même la dif­fu­sion de l’album.

Pour son clip, comme pour ceux de « Fame » et « Mau­vais », Lefa se laisse aller à une réal­i­sa­tion très ciné­matographique. Il pro­pose un univers visuel soigné, froid, où la drogue et le meurtre sont traités à la manière d’un thriller améri­cain (ne manque que Ryan Gosling et son blou­son scor­pi­on). C’est alors minu­tieuse­ment pré­parés que les audi­teurs ont pu pénétr­er dans la bulle sonore de FAME.

 

Par­mi des sons qui s’in­scrivent dans la con­ti­nu­ité de ses pro­jets précé­dents, où l’on retrou­ve un Lefa qui maîtrise aus­si bien ses kicks que ses par­ties chan­tées, se glis­sent des feats assez hétérogènes qui ren­dent le tout riche et var­ié. Il y en a pour tous les goûts: on passe de Vald, autre artiste phare de ce début d’au­tomne, à Caballero et Jean­Jass, en pas­sant par Dosseh, Tayc, Megas­ki, et un solo orig­i­nal signé Abou Tall.

« Papa m’a tou­jours dit pas de gaspillage / Compte pas sur moi pour jeter des liasses, biatch. » (« Pause »)

Cet album est l’oc­ca­sion pour le rappeur parisien d’as­sumer tou­jours plus son décalage avec cer­tains codes du rap actuel ; un côté « extrater­restre » mis en scène dans le clip de « Mau­vais », dans lequel il incar­ne un robot à vis­age humain.

Image extraite de « Mau­vais » (octo­bre 2019)

Il se présente sans osten­ta­tion ni col­lec­tion de femmes autour de lui, la seule bitch de son album est finale­ment l’Homme : jaloux, vénal et égoïste. Peu à l’aise avec la cou­ver­ture médi­a­tique, Lefa fait fig­ure d’op­po­si­tion aux artistes qui font « tout ça pour la fame » (« Fame »). L’homme qui a con­nu la galère préfère rester fixé sur ses objec­tifs: il vient faire son beurre et le martèle dès le pre­mier morceau. C’est aus­si par­fois Karim Fall qui prend le dessus sur l’artiste et laisse appa­raître ses faib­less­es, entre mal-être et cœur brisé dans « Mani­aque » ou « T’y arrivais pas ».

« Je vais pas m’ar­rêter tous les cent mètres / La route est longue comme une peine sans man­dat, sans let­tre » (« Nou­veau maillot »)

Ce qua­trième opus sor­ti en indépen­dant (comme le précé­dent, il n’est plus rat­taché au label Wati B) a déjà été reçu avec beau­coup d’en­t­hou­si­asme. Futur disque d’or comme Mon­sieur Fall en 2016? C’est loin d’être impos­si­ble, et quoi qu’il arrive, Lefa ne sem­ble pas dis­pos­er à s’in­ter­rompre en si bon chemin.

Cov­er de FAME (2019)

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