[Rap International] — Ghali, incarnation de la poésie milanaise

Inutile de pré­cis­er que chez In Da Klub, nous adorons la diver­sité. Nous voulons traiter la scène rap à tra­vers le monde entier. Notre rubrique Rap Inter­na­tion­al rassem­ble ain­si des rappeurs alle­mands, viet­namiens ou encore ital­iens. Après Sfera Ebbas­ta, nous allons décou­vrir aujour­d’hui un deux­ième artiste ital­ien tout aus­si tal­entueux : Ghali.

Les mots plutôt que la violence

Pour appren­dre à con­naître le rappeur, il faut d’abord s’in­téress­er à l’his­toire qui se cache der­rière ce phénomène transalpin. Ghali Amdouni est né dans le nord de l’I­tal­ie, à Milan. Le rappeur jouit de racines maghrébines, ses par­ents étant des immi­grés tunisiens.

Comme toutes les orig­ines, il faut en être fier et aimer cette diver­sité qui nous entoure. Mal­heureuse­ment, cette idée n’est pas partagée à tra­vers le monde entier par chaque indi­vidu. L’I­tal­ie fait par­tie des pays qui, dans le passé, ne se sont pas tou­jours mon­trés très accueil­lant envers les migrants. Même si ceci a évolué de nos jours, les prob­lèmes d’in­té­gra­tion restent d’actualité.

En con­séquence, Ghali a eu ses dif­fi­cultés dans sa jeunesse. Suite à l’emprisonnement de son père, il ne restait plus que sa mère et lui-même. C’est dans le quarti­er de Bag­gio que Ghali a gran­di, un dis­trict plutôt défa­vorisé de la ville de Milan. Le taux de crim­i­nal­ité était net­te­ment plus haut que dans le reste de la métro­pole. La pau­vreté con­sti­tu­ait le quo­ti­di­en de cette famille, mais Ghali a su choisir le bon chemin.

Ghali
Crédits pho­to: bookingagentinfo.com

L’artiste ital­ien dit de lui-même que l’é­cole a été très impor­tante pour lui. Sa mère l’inci­tait égale­ment à faire quelque chose de créatif. Ghali com­pre­nait vite que l’art pou­vait être son domaine. Un pro­fesseur l’avait par­ti­c­ulière­ment encour­agé dans l’écri­t­ure après avoir vu le poten­tiel du jeune italo-tunisien.

« J’ai appris que je pou­vais me bat­tre con­tre les con­flits soci­aux à tra­vers la musique, avec des mots et des lyrics plutôt que la vio­lence physique.

J’ai com­mencé avec des his­toires pour mes devoirs et main­tenant, j’écris des hits pour l’Italie. »

- Ghali pour GQ

Sortie de l’obscurité

Ghali va donc con­tin­uer à écrire et va petit à petit s’ap­procher du milieu du hip-hop. Son pre­mier nom d’artiste, Fobia, est vite aban­don­né pour ensuite rester sur sim­ple­ment Ghali. En 2011, il rejoint le col­lec­tif Troupe D’Elite. Le groupe sort un pre­mier EP éponyme puis un album gra­tu­it Il Mio Giorno Prefer­i­to qu’ils pub­lient en 2014. Entre les deux, Ghali sort la Leader Mix­tape en col­lab­o­ra­tion avec Sfera Ebbas­ta ou encore Manuego.

À l’époque, le groupe n’avait pas réus­si à se faire un nom à l’échelle nationale, et c’est prob­a­ble­ment pourquoi Ghali a préféré con­tin­uer en solo. En octo­bre 2016, son pre­mier morceau « Nin­na Nan­na » sous le label Sto Records est pub­lié sur Spo­ti­fy et le suc­cès est au ren­dez-vous. Pour par­ler chiffres, en Ital­ie, il bat le record du nom­bre de streams au pre­mier jour puis débute directe­ment au som­met du classe­ment avec plus de 200 000 ventes.

Les sor­ties qui suiv­ent sont tout aus­si réussies comme le sin­gle « Piz­za Kebab » en févri­er et le hit « Hap­py Days » en mai 2017. C’est à la fin de ce mois de mai que Ghali met en vente Album. Son pre­mier pro­jet en solo atteint la deux­ième place en top albums et ren­con­tre un cer­tain suc­cès au-delà des fron­tières ital­i­ennes : 24e place en Suisse, 96e en Bel­gique. Le morceau le plus streamé d’Album, « Habibi », est cer­ti­fié pla­tine depuis.

En 2018, Ghali s’ex­péri­mente avec plusieurs col­lab­o­ra­tions comme sur le morceau « It was worth it » de l’al­bum 20 du rappeur Capo Plaza ou encore « Peace & Love ». Le sec­ond en fea­tur­ing avec Sfera Ebbas­ta se trans­forme en un véri­ta­ble hit de l’été. Par la suite, Ghali a même fait des remix de deux tubes inter­na­tionaux en 2019 : « Vos­si Bop » de Stormy puis le banger « Anti­so­cial », fruit d’une col­lab­o­ra­tion entre Ed Sheer­an et Travis Scott.

Son deux­ième et donc dernier album jusqu’à présent, DNA est sor­ti en févri­er dernier regroupant des hits comme « Flash­back », « 22:22 », « Good Times » ou encore le feat avec Salmo, « Boo­gie­man ». Ce sec­ond pro­jet dépasse le précé­dent en atteignant la pre­mière place des tops albums. Trap dans le pre­mier, axé Hip-Hop et Pop dans le deux­ième, Ghali a su diver­si­fi­er sa musique et plaire à une audi­ence plus grande.

Il y a seule­ment quelques jours, Ghali a même ajouté en exclu un seiz­ième morceau à son album DNA: « Cacao », un feat avec l’artiste Pyrex.

Un rappeur hors du commun

Le tal­ent de Ghali sur le plan musi­cal est incon­testable. Cepen­dant, ce n’est pas la seule chose qui fait de lui un artiste qui sort du lot. En effet, le rappeur ital­ien est sou­vent mis en avant pour ses mes­sages trans­mis à tra­vers ses musiques. Non seule­ment Ghali se bat con­tre la xéno­pho­bie dans son pays, mais il sup­porte aus­si ouverte­ment la com­mu­nauté LGBT italienne.

Quand on repense à l’his­toire qui se cache der­rière ce rappeur issu d’un quarti­er des plus mod­estes, on ne peut qu’aimer la per­son­ne qui partage ces mes­sages d’amour. Le rappeur, majori­taire­ment inspiré par la légende Eminem quand il avait tout juste douze ans, n’a pas peur de soulign­er publique­ment ces iné­gal­ités au sein de la société.

« Les jour­naux exagèrent / Ils par­lent des étrangers comme s’ils étaient des aliens / Sans passe­port, à la recherche de l’argent. »

- Cara Italia

Ghali emploie ces pro­pos pour mon­tr­er com­ment les immi­grés sont perçus en Ital­ie, dans un sin­gle pub­lié en 2018 que l’on peut traduire par « Chère Ital­ie ». Le clip a été vision­né plus de 118 mil­lions de fois depuis et met en scène l’artiste accom­pa­g­né de plusieurs enfants atteignant le som­met d’une mon­tagne. Une fois arrivés, Ghali plante un dra­peau avec le mes­sage « TVN ». Cette abrévi­a­tion est devenu son slo­gan avec le temps : « Ti Voglio Bene » est une manière de dire « je t’aime » en Italie.

De l’amour pour tous, c’est ce que Ghali nous trans­met dans ses œuvres. Lui-même se sent totale­ment Ital­ien, mais ne cache pas non plus ses orig­ines tunisi­ennes. Il décou­vre aujour­d’hui encore avec plaisir sa cul­ture. Ghali recon­naît les deux : quand des haters veu­lent le forcer à « ren­tr­er chez lui », il répond tout sim­ple­ment par « je suis déjà là ».

Pour finir sur une dernière anec­dote, le rappeur transalpin pour­suit une autre pas­sion : la mode. Il faut dire que Ghali est bien tombé dans le chef-lieu de la Lom­bardie. Guc­ci est ain­si sou­vent présente dans sa garde-robe, tout comme Dior ou encore Thom Browne. Sa styl­iste Ramona Tabi­ta recon­naît le génie der­rière le style de Ghali. Il est dans sa bulle, sur une autre planète. Effec­tive­ment, son style est assez atyp­ique, mais avec un mes­sage fort. Il com­bine sou­vent des pièces portées par ses ancêtres avec les design­ers contemporains :

Ghali pour Vogue
Crédits pho­to: Adri­ano Cisani

Un rappeur, un artiste et une per­son­ne hors du com­mun. Ghali est félic­ité sur la scène lit­téraire égale­ment par des écrivains qui soulig­nent ses tal­ents de poésie. Décidé­ment, ses textes et son per­son­nage par­lent à toute l’I­tal­ie, pourquoi pas à tout le monde ? Allez décou­vrir ce for­mi­da­ble artiste !

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