Willkommen zurück ! (Ou bien Welcome back pour les non-germanophones d’entre vous) Notre passion pour le Deutschrap ne fait qu’augmenter, Edo Saiya en est la raison dans ce nouvel épisode de notre série Deutsche Qualität ! Ces dernières semaines, InDaKlub vous a présenté des artistes et groupes cultes en Allemagne avec Shindy, Cro, Kraftklub, Puppetmastaz… Aujourd’hui, c’est un youngster bourré de talent qu’on vous déniche.
Un passage du rock au cloud rap
Sous le pseudonyme d’inspiration japonaise, Edo Saiya, se cache Timo Bethke. Le jeune artiste natif de Cologne développe rapidement une passion pour la musique, et plusieurs genres l’influencent. Au rap US se joint l’emo-rock, par moments également la soul et le jazz. Plus récemment, le cloud rap tient sa part dans le style large et polyvalent du jeune Timo Bethke.
Après avoir pu dégager son énergie et sa passion pour la musique dans différents groupes de rock, Edo Saiya pense plus loin. Il commence officiellement à se lancer dans les Rap-battles, mais avec un but bien précis :
« Je ne veux pas juste rapper pour rapper, je veux dire quelque chose.
J’ai des exigences plus élevées envers moi-même. »
- Edo Saiya pour 16bars.TV
Dans ses morceaux, les thèmes abordés par Edo Saiya sont multiples, mais reflètent parfaitement la personne et l’artiste : on parle du style de vie mêlant les nuits blanches passées, la consommation de stupéfiants et la réflexion autour de sa personnalité. Le rappeur nous décrit les « highs » de sa vie, les soirées et les drogues, mais nous fait part également des « lows » — doutes sur soi-même, chagrins d’amour, phases dépressives — ce qui donne une note de sincérité à ses projets.
Là où Edo Saiya marque des points, c’est sa polyvalence. Il refuse de rester sur le même genre de beats, les mêmes moods, il varie beaucoup. Un pari risqué, mais réussi puisqu’il excelle peu importe la prod, peu importe le genre.
Des inspirations et des genres multiples
Plusieurs artistes internationaux nous ont déjà montré que l’écart entre le rap européen et le rap américain continuait de se rétrécir. En écoutant Edo Saiya, cela nous apparaît évident. On peut apercevoir des similitudes avec de nombreux rappeurs américains, qu’il s’agisse des mélodies, de l’atmosphère sombre et autotunée ou encore du style tout court.
Ainsi, établir un style bien fixe pour cet artiste relève de l’impossible. Ce qu’on peut vous dresser, ce sont les différentes facettes du personnage d’Edo Saiya. Durant l’écoute de certains de ses morceaux, le rappeur originaire de Cologne me fait penser à Trippie Redd ou encore iann dior. Un cloud rap mêlé à des passages plus rock, des refrains chantés par moment puis des paroles presque criées dans d’autres.
Dans le même univers, et là aussi, on peut voir leur influence sur le jeune artiste allemand, on pense aux rappeurs qui nous ont quitté ces dernières années, Lil Peep et XXXtentacion. Concernant le premier, le morceau « Highway » vous donne parfaitement une idée de son rapport avec le New-Yorkais décédé en 2017. « Highway » sort en 2019, mais est actuellement le morceau le plus écouté d’Edo Saiya sur Spotify.
Le titre « Durch die Nacht » (à travers la nuit) ft. Young Richie Rich nous fait quasiment croire à un hommage à XXXtentacion : les samples vocaux mélancoliques, le rythme assez lent et l’atmosphère déprimante, tout y est. Et comme tout ce qu’Edo Saiya tente, il le réussit, on a envie de dire. Sur le même album This was home, Edo Saiya introduit le disque avec le titre « Horizont » en reprenant la ballade « <3″ de la chanteuse canadienne Vi. Une entrée en matière douce et à la fois maîtrisée.
Vous l’aurez compris, on est face à un artiste qui est à l’aise avec la polyvalence et le mélange de genres. Cette diversification est notamment permise grâce à une multitude de producteurs sur lesquels Edo Saiya peut compter. En citant Consent2k, Fucmarty, Overshiaat, Ocean beats ou encore Symtex128, on ne mentionne qu’une minorité, mais ils fournissent tous un travail remarquable.
Dans son langage un peu « denglisch » (allemand et anglais), on peut voir Edo Saiya poser son flow sur des beats à la Metro Boomin ou à la Travis Scott dans Days Before Rodeo (quel classique). Pour une recette plus extravagante, Edo Saiya ne se retient pas d’introduire des éléments étincelants du rock, de l’indie ou encore de l’alternatif dans ses projets.
À propos, projets…
10/3 : le ratio, signe de dévouement total
Parlons peu, parlons chiffres. Edo Saiya ne commence à vraiment enregistrer des morceaux qu’à partir de début 2018. En trois ans d’activité, il a déjà sorti dix projets. Quelle performance ! Parmi ces dix projets, on compte quatre EP dont un commun avec Felikz, puis six albums. Rajoutez à ceci encore plus d’une quinzaine de singles et vous aurez la productivité incroyable d’Edo Saiya au bout du compte.
Et oui, je vous vois venir, la qualité doit sûrement en prendre un coup avec un nombre de sorties aussi élevé. Hypothèse infondée jusqu’à preuve du contraire ; personnellement, je ne peux pas la valider. J’ai accroché à une multitude de morceaux à travers plusieurs de ses projets. De son premier EP Somnia en passant par ses albums Distant ou The Entire History of You, jusqu’au single « Fucked up » en feat avec Lil Lano. Il m’a convaincu.
Logiquement, cette qualité constante à travers ses disques et ses expériences musicales en tout genre n’est pas le fruit du hasard. Edo Saiya vit pour la musique et, plus profondément, à travers la musique.
« C’est ma vie.
Je ne saurais pas quoi faire d’autre de mes journées, si je ne restais pas coincé dans mon studio pour écrire, produire et vibrer.
Le jour où « Broken Displays Broken Promises » sortira, je vais directement continuer. »
- Edo Saiya en 2018 avant la publication de son deuxième album
Le travail paie toujours. Edo Saiya est encore assez méconnu sur la scène de rap allemande, mais on a l’impression que le cloud rap prend de plus en plus d’ampleur chez nos voisins germanophones. De plus, les chiffres d’Edo Saiya sont en hausse constante.
Le rappeur ne voile pas sa fierté à ses 114k followers sur Instagram à l’occasion du Spotify #2020ARTISTWRAPPED. Edo Saiya compare dans ce post ses statistiques annuelles aux années 2019 et 2018. Son nombre de streams et d’auditeurs a tout simplement quintuplé par rapport à l’an dernier :
« Il y a maintenant deux ans et demi, j’ai gagné mon premier centime avec la musique, swipez pour voir ce qu’il s’est passé depuis
Merci à chacun de vous — on a fait la meilleure chose de cette année »
Son dernier album « LunaR »
Edo Saiya nous sort son nouvel opus juste pour la fin des vacances d’été, le 28 août 2020. Puis, c’est ce sentiment d’été qui est retransmis à travers l’album. Ici aussi, on a un bon mélange de sons plus positifs qui reflètent les bonnes vibes et la positivité, auxquels s’ajoutent des morceaux plus doux et mélancoliques — « Schmetterlinge sterben » (des papillons meurent) en est un parfait exemple.
Le champ lexical estival est évident dès le premier regard sur la pochette d’album : parmi les dix-sept titres, on peut trouver « Backinla », « Sommer » (été), « Ozean », « Wenn die Sonne aufgeht » (quand le soleil se lève), « Sand » (sable), « Neue Horizonte » (nouveaux horizons)…
On parle de vacances, des bonnes vibes au bord de la mer, mais aussi des longues nuits sous les étoiles et la lune à réfléchir au sens de la vie. Vous l’avez sûrement déjà vécu ce moment-là, où on rêve tout simplement d’éternité. Le morceau « Ewigkeit » souligne ce sentiment, où Zygn accompagne Edo Saiya.
D’autres rappeurs sont invités sur ce disque, parmi eux : LUIS, Olson et Kid Cairo. Ce dernier réussira le morceau le plus écouté de LunaR, « Ozean » avec plus de 2,1 millions de streams sur Spotify. Allez absolument découvrir cet album qui atteint le meilleur classement de la carrière d’Edo Saiya: une 4ème place dans les tops albums en Allemagne.
Pas de fin d’année sans Edo Saiya cependant, il y a seulement quelques jours, « FILM » est sorti sur toutes les plateformes. Avec badchieff, les deux s’harmonisent admirablement :