[Deutsche Qualität #3]: Fler, dans l’ombre des grands

Bon­jour tout le monde ! Ne serait-il pas temps de vous dévoil­er le troisième épisode sur nos rappeurs alle­mands ? Et bien, c’est pour main­tenant: après vous avoir présen­té l’ex­cel­lent Ufo361 et la tal­entueuse Juju, on vous présente aujour­d’hui un ancien du game, l’artiste Fler!

Son histoire

Comme nous avons pu l’abor­der dans la courte intro­duc­tion, Patrick Losen­sky, qui se cache der­rière le nom de scène Fler, est dans le milieu du rap depuis bien longtemps main­tenant. En effet, le Berli­nois qui a tra­ver­sé une enfance plutôt dif­fi­cile va faire la ren­con­tre de Bushi­do, un artiste qui peut aujour­d’hui être con­sid­éré comme un des piliers du rap alle­mand. Il aban­donne alors à l’époque sa for­ma­tion de pein­tre en bâti­ment pour se faire un nom dans la musique.

Fler

Le but pour Fler, comme pour beau­coup de jeunes provenant de ces quartiers mod­estes, est de sor­tir de ses prob­lèmes financiers, mais il se fait remar­quer par de la petite délin­quance. C’est en 2002 que Fler devient con­nu grâce à sa col­lab­o­ra­tion avec Bushi­do pour l’al­bum com­mun inti­t­ulé Car­lo Cokxxx Nut­ten. Ils le pub­lient notam­ment sous un pseu­do­nyme : Franck White. Par­mi les vrais con­nais­seurs du rap US, ce pseu­do­nyme devrait vous dire quelque chose. Effec­tive­ment, le rappeur améri­cain Noto­ri­ous B.I.G. l’u­til­i­sait auparavant.

Cela tombe bien que nous abor­dons le rap US puisque Fler s’in­spire prin­ci­pale­ment des Améri­cains, ayant comme idol­es 50 Cent, The Game, Eminem ou encore Mobb Deep. De nos jours, on peut très bien con­stater qu’il existe une cer­taine évo­lu­tion dans les dif­férents styles de rap. Fler lui aus­si a ain­si dû s’adapter un min­i­mum aux préférences et goûts des audi­teurs en se dirigeant davan­tage vers la Trap ou le Crunk, s’avoisi­nant de cette manière au style de French Mon­tana, Rick Ross, 2 Chainz, Lil Wayne et Boo­ba.

Entre artiste respecté et « meme »

Il faut savoir que Fler a con­nu de nom­breux suc­cès au cours de sa car­rière. Suc­cès qui se sont surtout mul­ti­pliés depuis la pub­li­ca­tion de son tout pre­mier album en solo sous le label Aggro Berlin en 2005 inti­t­ulé Neue Deutsche Welle (Nou­velle vague alle­mande). Pro­pre au rap de l’époque, c’est le Gang­ster rap qui car­ton­nait en Alle­magne et logique­ment, c’est ce qui a fait con­naître Fler. Ce pre­mier album reste au total près de seize semaines dans les top albums en atteignant même une cinquième place.

La pro­duc­tiv­ité chez Fler est sa prin­ci­pale car­ac­téris­tique. Le rappeur a accu­mulé à ce jour vingt-deux pro­jets dont seize albums en solo ! On peut dire que ses fans ont donc l’habi­tude de voir une nou­velle sor­tie qua­si­ment chaque année. La dernière fois où plus d’une année entière s’est écoulée sans signe de vie de Fler, Nico­las Sarkozy venait d’être élu Prési­dent de la République. Ça fait longtemps, oui.

Fler

Comme beau­coup de rappeurs, Fler en a prof­ité lui aus­si pour créer son pro­pre label Maskulin. Créé en 2011, en dehors de la musique, le label pro­pose sur le marché une mar­que de vête­ments ain­si que des pro­duits de fit­ness. Dans la même année est sor­ti le sep­tième album de Fler, Im Bus ganz hin­ten (Dans le bus tout au fond) qui monte jusqu’à la troisième place et donc le meilleur classe­ment jamais obtenu par l’Alle­mand à l’époque.

Beau­coup d’ar­gu­ments, vous pou­vez le con­stater, qui mon­trent que Fler est l’un des meilleurs rappeurs du pays; il l’au­ra prou­vé plus d’une fois depuis ces quinze dernières années. Cepen­dant, il y a bien d’autres raisons qui font que Fler n’est pas recon­nu comme un des pre­miers grands noms du rap alle­mand. En effet, j’au­rais plutôt pen­sé aux noms de Sido, Bushi­do ou encore Farid BangFler ne me dis­ait rien du tout avant de me pencher sur le sujet.

Ce sont les « Neg­a­tivschlagzeilen » comme on dit en alle­mand (lignes de jour­naux néga­tives), qui ont pris de plus en plus d’am­pleur dans la dernière décen­nie, pous­sant ses pro­jets musi­caux dans l’om­bre. Pour être plus clair, on a l’im­pres­sion que le rappeur cherche l’embrouille avec tout le monde. La preuve, sur sa page Wikipé­dia, une grande par­tie de l’ar­ti­cle résume ses dif­férentes dis­putes avec des rappeurs comme Bushi­do, Sido, Farid Bang et Kol­le­gah. Des anciens col­lab­o­ra­teurs donc, mais aus­si des artistes qu’il avait pris sous son label dans le passé.

Plus récem­ment, Fler s’est fait remar­quer en se faisant arrêter par la police après avoir refusé de présen­ter son per­mis de con­duire, s’en prenant même aux forces de l’ordre :

Voilà pourquoi une deux­ième per­son­nal­ité, une image de « meme » s’est créé autour de cet artiste. Les polémiques ne s’ar­rê­tent pas là, il en a égale­ment provo­qué con­cer­nant des dél­its, des pro­pos misog­y­nes ou encore sa posi­tion envers l’Alle­magne. Dif­férentes inter­views ne se sont pas bien passées, les fans n’ar­rivent plus trop à le suiv­re musi­cale­ment et tous les mois, un nou­v­el artiste est présen­té sous son label comme le futur du rap. Sa crédi­bil­ité paie les conséquences.

Un seizième album en solo

Cepen­dant, existe-t-il un meilleur cadeau d’an­niver­saire à faire à soi-même qu’un nou­v­el album regroupant seize titres pour ren­dre heureux ses fans ? Fler, à qui nous souhaitons un joyeux anniver­saire en retard, a fêté ses 37 ans hier, le 3 avril. Atlantis est son dernier opus sor­ti il y a main­tenant deux semaines, le 20 mars 2020.

On retrou­ve plusieurs fea­tur­ings, avec les artistes Sum­mer Cem, Gringo ou encore Sier­ra Kidd. Il est intéres­sant de voir qu’il a égale­ment fait un titre avec Sido et un autre avec Farid Bang. On peut donc estimer que Fler a pu se réc­on­cili­er avec ces deux rappeurs. Quant au classe­ment dans les tops albums, Atlantis a pris la pre­mière place le week-end dernier ! En Autriche, l’al­bum de Fler a été jusqu’à la troisième place, et jusqu’à la cinquième place chez nos voisins suisses.

Va-t-il pou­voir égaler le grand suc­cès accom­pli par son album Vibe en 2016 ? L’al­bum avait atteint le som­met des charts dans ces trois pays ger­manophones et s’é­tait ven­du à plus de 40 000 exem­plaires. Pour ma part en tout cas, j’ai beau­coup appré­cié Atlantis puisque l’on sent à tra­vers ses morceaux qu’il a tou­jours ce flair, ce panache pour le rap plus under­ground, plus som­bre. Le résul­tat obtenu est un bon mélange entre des instru­men­tales plus adap­tées au rap d’au­jour­d’hui avec la voix grave très car­ac­téris­tique de Fler. De cette manière, même si je n’avais enten­du aucun de ces sons aupar­a­vant, j’ai pu devin­er qu’il avait prob­a­ble­ment com­mencé sa car­rière dans un style spé­ci­fique au Gang­ster rap.

Pour finir, comme pour tous les artistes de cette série que nous avons lancée il y a main­tenant quelques mois, j’ai pu décou­vrir de nou­veaux rappeurs, même si l’artiste en ques­tion fait du rap depuis bien longtemps. Cette série est égale­ment l’oc­ca­sion pour vous de décou­vrir et d’os­er appréci­er ce monde du rap et de vous ouvrir davan­tage en sor­tant du clas­sique Rap FR et US. Vous allez prob­a­ble­ment, tout comme moi, être agréable­ment surpris.

Vous pou­vez écouter son dernier album directement :

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